CLAUDE VALLON

«GROUPE 5» ET TÉLÉVISION

CH-FENSTER

Avec le succès des Arpenteurs, de L’Invitation, du Retour d’Afrique qui bénéficiait de celui de La Salamandre — un film produit en dehors du Groupe 5 — et dans une moindre mesure de celui de Charles mort ou vif, la notion «quasi mythique» du Groupe et du chiffre 5 s'est imposée à l'attention de la presse cinématographique internationale, sans qu'on élucide jamais réellement sa signification. D'ailleurs on parle de plus en plus et instinctivement du trio Tanner, Soutter et Goretta, et on cherche rarement à énumé-rer les deux autres partenaires d'un Groupe qui en compta il est vrai très souvent quatre plutôt que cinq.

La question qui doit être débattue aujourd'hui est la réelle portée de ce groupe, son impact sur la production cinématographique et sa place actuelle dans l'appareil de plus en plus lourd et encombré de la télévision.

Tanner m'expliquait dans une interview en 1972:

La création du Groupe n'était pas un pis-aller. Comme il n'y avait pas d'industrie cinématographique en Suisse, nous étions obligés au départ de nous adresser au seul producteur existant pour le long métrage, en l'occurrence la télévision.

L'événement eut lieu en 1968, soit cinq ans après la mise en train de la loi fédérale d'aide au cinéma. Tanner avait réalisé depuis son retour en Suisse en 1961, deux courts métrages (Ramuz, Passage d'un poète, 1961, L'Ecole, 1962), un moyen métrage (Une ville à Chandigarh, 1966) et un long métrage (Les Apprentis, 1963-1964). Il étai loin d'être inactif. Mais il se heurtait à de pénibles conditions de production:

Tout cinéma est conditionné, dit-il, par les conditions de production dans lesquelles on le réalise. Un film comme Les Apprentis a été une affaire qui a foiré; il avait fallu deux ans pour la mettre sur pied avec des commissions et des sous-commissions à n'en plus finir. On a été battu par les conditions.

L'avantage principal qu'offrent donc (pour Tanner en particulier) les accords Groupe 5 et TV, c'est précisément d'ignorer le contrôle sur la production. Une fois le sujet admis, le réalisateur est le propre producteur de son film et il dispose de 60 000 francs sonnants dans le cas du premier accord passé avec la Télévision en 1968; de 80 000 francs dans le second (1971-1972).

«Institutionalisation» d'un système

En 1968, Michel Soutter a réalisé pour le cinéma Mick et Arthur (1965), un court métrage, La lune avec les dents, (1966), et Haschisch (1968), deux longs métrages, où il a investi chaque fois 50 000 francs. C'est à Soutter qu'on doit l'idée de films qui seraient des «brouillons», des bancs d'essai, soit des réalisations à faible budget, mais présentant toutes les caractéristiques extérieures du film de fiction «commercialisable».

Le film suivant de Soutter La Pomme (1969) et surtout James ou pas (1970), ne diffèrent pas essentiellement des précédents, de sorte qu'on peut se demander quel était le bénéfice de Soutter en participant au Groupe, sinon l'élargissement de son budget et si l'on veut aussi «l'institutionnalisation» du système qu'il avait forgé par nécessité. Si nous regardons en effet les choses de très près, on remarque que sa méthode de travail reste la même, sauf que Soutter devient pour La Pomme son propre distributeur, rôle qu'il abandonnera par la suite. Surcroît de travail et de responsabilité que n'efface nullement la participation au Groupe 5, puisque le réalisateur s'engage encore vis-à-vis de la TV, et non uniquement vis-à-vis de lui-même ou de tiers pour une somme supérieure à celle qu'il manipulait jusqu'ici.

En 1968, Claude Goretta n'a rien réalisé pour le cinéma en Suisse. Il bénéficie d'une excellente cote à la TV romande, grâce notamment à une émission de fiction comme Jean-Luc Persécuté (1965). Il s'explique: «En faisant des reportages à travers le monde, je me suis finalement rendu compte qu'on pouvait s'exprimer autant dans un portrait d'individu qu'en zig-zaguant dans un pays. (...) Ce qu'il faudrait, c'est montrer les gens tels qu'ils sont, avec leur mesquinerie, leur lâcheté, tout en suggérant combien ils sont souvent victimes, sans le savoir, d'un système, d'une structure dans laquelle ils sont coincés et qui les opprime.

Mais à la télévision telle qu'elle se pratique actuellement, c'est de plus en plus difficile, et l'on se rabat sur la fiction pour pouvoir maltraiter ses personnages ! C'est donc par souci de plus de vérité que je suis passé à la fiction.

Et Goretta confie même que son premier film de cinéma Le Fou (1970) est un film de TV. Qu'est-ce à dire sinon que Goretta n'avait pas essentiellement besoin du Groupe 5 sauf pour réaliser une production plus ambitieuse comme L’Invitation, puisque le nombre des partenaires change: interviennent également la Confédération (avance sur scénario) et un producteur français.

L'enfant pauvre du groupe

Jean-Louis Roy est un peu l'enfant pauvre du Groupe. En 1968, il a pourtant déjà réalisé un long métrage important, L’Inconnu de Shandigor, qui a bénéficié d'une projection au Festival de Cannes en 1967. Black-Out en 1970 se situera quelque peu en retrait par rapport aux grandes idées de Roy, bien qu'il y associera deux producteurs suisses.

Voici son avis:

La collaboration avec la télévision et tout mode de production nouveau sont valables pour autant qu'ils apportent des capitaux suffisants. Il est préférable toutefois de travailler au niveau de la production avec des gens de cinéma. A partir du moment où l'on fait un certain type de film, on s'adresse à un certain type de producteur; il y a en France, en Italie, voire en Allemagne des producteurs susceptibles de financer un cinéma qui est celui qu'on voudrait faire.

Déclaration nette s'il en est, qui explique sans doute pourquoi Roy n'a toujours pas tourné son deuxième long métrage dans le cadre du Groupe 5. Pour lui, très catégoriquement, le plafond des budgets-type doit sauter...

Dès lors on peut légitimement se demander si le Groupe 5 a représenté autre chose qu'une plate-forme de production toute momentanée, assortie surtout d'un impact certain auprès des milieux de la production cinématographique.

Le cinquième partenaire du Groupe est énigmatique: ni Lagrange (qui a dû renoncer pour des raisons très personnelles) ni Yves Yersin (qui l'a remplacé) n'ont encore utilisé le cadre du Groupe 5 pour produire un film. Il est indéniable qu'ils ne peuvent se situer dans les limites où se trouvaient Soutter et Tanner à leurs débuts dans le Groupe 5; ils doivent, quasi logiquement, imaginer une plate-forme de travail proche de celle qu'apporte la ce-production étrangère. De sorte que l'on peut se poser la question de l'utilité du Groupe tel qu'il existe toujours, pour des gens autres que ceux qui l'ont animé dès le début.

Réponse à l’inaptitude de la TV

Le Groupe 5, on le comprend dès cet instant, a été la réponse intelligente (et pratique et momentanée) de quelques réalisateurs à l'inaptitude de la Télévision à surmonter ses propres contradictions, en même temps que la mise en train de projets et d'ambitions personnels, sous le couvert d'une «officialité» décisive.

En effet, tandis que la TV romande acceptait de co-pro-duire une première puis une deuxième série de cinq films, elle finançait par une autre société la réalisation de feuilletons (TELVETIA) les plus conventionnels qui soient. Elle préservait, par un sacrifice relativement bon marché (fr. 300 000.-, puis fr. 400 000.-), son image de marque tout en s'enfonçant toujours davantage dans les stéréotypes des productions à l'eau de rose.

Il y a toujours eu, du fait que la Télévision romande a été, selon l'avis de Tanner, l'affaire des réalisateurs d'abord plutôt que celle des journalistes (à l'inverse de la Télévision alémanique), une estime pour le signataire de la réalisation plutôt que pour l'auteur du commentaire. On ne peut guère jouer d'autre carte que la qualité en Suisse romande par rapport aux autres télévisions francophones plus riches et mieux dotées. Il y avait ainsi nécessité fonctionnelle à retenir la génération qui avait fait l'originalité de la TV romande, et de s'intéresser à la promotion du cinéma, sans toutefois vraiment s'y engager totalement.

A posteriori René Schenker, alors Directeur de la seule Télévision romande, pouvait se féliciter des accords passés et des résultats obtenus, réclamer de nouvelles propositions du Groupe 5 et même encourager d'autres réalisateurs à offrir des sujets. Cette intervention date de 1971.

Le Groupe 5 répondit dans le même journal («Radio-TV-Je-vois-tout») que le démarchage pour la distribution lui prenait beaucoup de temps, et qu'il ne pouvait se consacrer entièrement à la réalisation de ses films, compte tenu qu'il avait aussi à gagner sa vie! Il précisait: «(...) En l'absence de toute infrastructure de production cinématographique en Suisse (studios, vedettes, équipement, larges équipes techniques, sources de financement, etc.), il n'est évidemment pas question d'essayer de concurrencer sur leur terrain les cinémas des grandes nations productrices de films. La chance qui nous a été offerte — et cela est démontré par les faits — c'est le film d'auteur à petit budget».

Une raison d'être dépassée

Or, aujourd'hui, on peut se demander si cette déclaration correspond toujours à une réalité. Les conditions de production ont évolué depuis l'accord de co-production passé par notre pays avec la France. De sorte que la raison d'être du Groupe 5, selon les bases de 1968, se pose maintenant en des termes nouveaux.

Certes, il existait entre les membres du Groupe bien mieux qu'un simple opportunisme vital (au plan de la production), soit, croyons-nous, une manière de communauté d'esprit sous-entendue, et liée à une camaraderie, à des goûts et des idées parallèles. On le perçoit quand on analyse les films ou dans certaines options prises pour les promouvoir. Si Tanner s'en tient plus régulièrement aux principes formulés, Soutter et Goretta n'y tournent pas le dos brutalement. En fait, c'est bien Tanner qui joue le rôle d'homme-charnière, à défaut d'homme-orchestre. C'est avec lui que Goretta se rend en Angleterre en 1955, c'est avec lui qu'il réalise Nice Time en 1957. Ils se séparent quand Goretta entre à la télévision en 1957. Tanner l'y retrouve en 1964, bien qu'il reste indépendant. Entretemps il a présenté Michel Soutter à Goretta, et Soutter fait des débuts à la TV comme assistant-réalisateur de Goretta et Lagrange dès 1961. Roy est entré à la Télévision en 1957 tandis que Lagrange en a été l'un des pionniers dès 1953. Mais Lagrange (né en 1929) est un contemporain de Tanner et Goretta. Roy est nettement plus jeune (né en 1938).

Tanner, Goretta, Lagrange ont été aussi les premiers à animer dans les années soixante la nouvelle Association des réalisateurs de films. A la télévision, ils sont les mieux armés pour agir, même si Roy, en compagnie de François Bardet et Jacques Rial a lancé Les Films de l'Atalante (en 1959) qui fut la première manifestation d'un nouveau cinéma romand (avec d'autre part la production de «Quand nous étions petits enfants» d'un indépendant, Henry Brandt, en 1960). Cela est bien vrai: il y a d'autres réalisateurs de télévision qui peuvent tourner des films, mais sous la conduite de Tanner, le Groupe 5 vise un but qui équivaut à une exclusivité dont il se proclame plus ou moins ouvertement le garant: montrer la réalité helvétique, exprimer ses idées sur celle-ci. 11 n'y aura pas de programme, mais le «front commun» est déjà une option. A la base, il y avait comme une éthique et une rigueur: éviter les poncifs de la production traditionnelle, éviter les compromissions de tous genres, travailler en équipe, aller en tout cas le plus loin possible...

D'abord créer puis développer ses cartes. Ce pragmatisme passe avant toute préoccupation de continuité. Pour que le Groupe prenne effectivement force et racine, il aurait dû se structurer, s'organiser. Mais aurait-il passé sur ses scrupules de ne pas «dévoiler ses batteries» qu'il aurait eu à surmonter l'obstacle des individualités que le climat proprement suisse et les responsabilités auraient exacerbées d'une manière ou d'une autre. On le voit: le Groupe 5 était pour s'imposer condamné à jouer des cartes restrictives, l'eût-il voulu ou pas.

Il y a en fin de compte toute une série d'impondérables qui ont joué dans le sens le plus favorable à Tanner, Soutter et Goretta aux dépens sans doute de la notion de Groupe.

Expression personnelle avant tout

Oui, le Groupe 5 travaille avec la télé, mais finalement la situation est exactement la même. Dans mon cas, j'avais un producteur mécène, mais la situation, aussi bien pour la fabrication du film que pour sa suite, reste exactement la même. Et les budgets ne sont pas plus réellement des budgets... (Michel Soutter.)

(...) Un tout petit budget détermine (...) dans tous les domaines, la nature du film qu'on va faire, d'où la ressemblance qui existe entre les films, et qui ne tient pas du tout à une ressemblance entre réalisateurs: entre James ou pas ou Le Fou, il y a un monde, je crois; seulement il y a une ressemblance physique extérieure, du fait que les films ne coûtent rien, et ça se voit inévitablement. (Tanner)

C'est que sur la nature exacte du cinéma à faire, on n'est guère d'accord dès qu'on passe au détail, la préoccupation première étant l'expression personnelle à tout prix.

Mais... Approche identique

N'empêche que la télévision a joué pour eux un rôle, celui de «formatrice», d'école; elle a donné aussi un ton au cinéma qui en est issu, un cinéma calqué sur la réalité, l'observant, l'analysant ou la critiquant mais visant sous une forme encore classique à la création d'un univers poétique. Les prises de position politiques sont soigneusement évitées et en fait l'apprentissage constant de l'objectivité (ou ce qui prétend l'être) suscite l'humour ou la boutade, guère le constat violent ou mordant. La télévision a façonné une approche quasi identique, même si les allures sont différenciées.

Cette approche n'est guère partagée par d'autres générations de réalisateurs de télévision, et surtout par quelques jeunes producteurs. Mais l'audace est mal venue à l'intérieur de la TV. Voir à ce propos toutes les polémiques engagées autour des émissions de Nathalie Nath (l'une des licenciés de 1971), bien avant que n'éclate tout le processus de remise en cause de l'entreprise-tv. La télévision se méfie du direct, elle se méfie des films produits à l'intérieur des émissions quand ils ne sont pas un ramassis d'opinions d'où il ne se dégage que monotonie, elle contrecarre toutes les inventions, elle calcule, elle supervise, elle censure.

Dans un tel climat, elle ne peut guère remplir qu'un rôle négatif dans la promotion de nouveaux cinéastes; à moins que jouant sur deux tableaux, elle se montre sévère à l'intérieur pour paraître plus ouverte à l'extérieur. Bile accepte aujourd'hui des propositions d'autres réalisateurs que ceux du Groupe 5: Yvan Butler (La Fille au violoncelle, 1973) et ce sera là une innovation, Bertrand Theubet (La sorcellerie dans le Jura, film de 45 minutes). Theubet est en effet monteur et dernièrement Simon Edelstein s'était vu refuser une participation de la TVR pour Les Vilaines Manières (1973) sous prétexte qu'il était caméraman et non réalisateur dans la maison!

La suite

D'autres cinéastes ont réalisé, tentent de réaliser des films: Michel Dami, François Barder, Krassirnira Rad, Christian Mottier, Christian Liardet, Igaal Niddam, Pierre Matteuzi, Gilbert Bovay. Et d'autres pourraient suivre: Christian Zeen-der, Raymond Vouillamoz... Mais il ne suffit plus aujourd'hui que la télévision se contente d'attendre des propositions, il faut qu'elle provoque des réalisations. Il semble que le rôle qu'elle a tenu pour le Groupe 5 risque d'être la seule libéralité dont elle soit capable (hormis quelques autres cas isolés). Car la maison s'est planifiée à tel point qu'il devient difficile d'y conduire des réflexions personnelles.

Aussi doit-on se demander si à l'avenir la télévision ne va pas plutôt jouer le rôle d'éteignoir de la production... cinématographique. Et si le cinéma — en dépit des expériences précédentes — ne devrait pas chercher d'autres «formules financières».

Ces problèmes évidemment ne touchent guère le Groupe 5 qui a tous les avantages des privilégiés et n'entend guère se mêler aux problèmes du jour. Soutter seul s'est intéressé de très près aux manifestations récentes de mécontentement à la TV et a participé par ailleurs aux émissions controversées de Nathalie Nath.

La société politique s'est emparée de la TV, qui joue un certain rôle socio-culturel qui ne peut satisfaire les exigences du cinéma. Ceci dit la TV peut jouer un rôle: elle peut contribuer au développement du cinéma en se rendant compte qu'elle a des devoirs vis-à-vis des cinéastes, puisqu'elle n'est pas soumise aux notions de profit. On peut donc trouver dans l'ensemble de la TV un terrain où elle peut rejoindre le cinéma, plus par devoir que par spécificité de son moyen d'expression. (Tanner)

Il y a quelques années, nous nous formions tous ensemble (réalisateurs, cameramen, monteurs...). Nos métiers étaient très nouveaux. Maintenant, il y a des réalisateurs qui sont en place, il y a tout un appareil de production. 1 faut que les jeunes soient extrêmement bien formés et solides pour pouvoir entrer dans cet appareil et y imposer leur manière de travailler, leurs idées. Par contre, le Goupe 5 n'est pas un groupe de réalisateurs privilégiés. Chaque membre peut produire le film d'un réalisateur extérieur du groupe. Mais nous n'avons reçu aucun scénario, aucun synopsis, aucune proposition, même verbale. (Michel Soutter)

Tout est là: proposez, et vous serez peut-être agréé. Ce système paternaliste (que le Groupe 5 cautionne bon an mal an) auquel participe également le système de l'avance sur scénario prévu par la loi fédérale sur le cinéma s'adresse à des gens qui n'ont rien à perdre: ni temps ni argent. Le jeune cinéaste souhaiterait des propositions précises équivalant davantage à des commandes.

La plate-forme d'un moment

Le Groupe 5 n'est en définitive rien d'autre — faute de stimulation — qu'une plate-forme de production, originale dans sa formulation de 1968, mais la TV se garde bien de l'élargir, pressentant toute la complexité des problèmes qui pourraient en surgir. Quant aux privilégiés eux-mêmes — appelons les choses par leur nom — s'ils ont mérité leur privilège et s'ils y ont fait honneur, ils ont bien d'autres problèmes actuellement que de s'embarrasser de ceux des autres, et d'ailleurs le système ne sera reconductible qu'avec des budgets de plus en plus importants. Pourquoi dès lors de-vraientdls proclamer tout haut la grande solidité de la formule? De plus ce style TV dont ils se réclamaient est lui-même discuté par les nouvelles générations. Aussi Tanner a-t-il pu dresser un petit bilan de l'expérience en 1972:

Je crois que ça s'est révélé une bonne formule, finalement, même si le Groupe 5 n'est pas un groupe véritablement homogène et constitué, pouvant avoir une politique suivie. Je crois que c'était un point de départ, et qu'on va d'ailleurs aller plus loin, puisqu'il est maintenant question d'élargir le groupe à d'autres réalisateurs (...) Je crois que l'expérience du départ, étant donné l'extrême modicité des budgets, est quand même positive. Le Groupe 5 a une réputation incroyable — en partie usurpée — (...) à l'étranger (...) Notre expérience a vraiment eu un retentissement extraordinaire, que nous n'attendions pas. J'ai même entendu dire que les télévisions francophones envisagent d'ouvrir une salle à Paris pour exploiter les films de ce genre. (Tanner)

Les perspectives changent: que dirait Tanner en 1974?

Le «Groupe» ayant tenu sa fonction de coquille protectrice et génératrice efficace, les oisillons volent maintenant sans lui... Ou presque...

GROUPE 5 — TV

Premier accord (participation de la TV de fr. 60 000.-), 1969-1970

Charles mort ou vif d'Alain Tanner

James ou pas de Michel Soutter

Black-Out de Jean-Louis Roy

Le Fou de Claude Goretta

Deuxième accord (participation de la TV de fr. 80 000.-), 1971-1972

Les Arpenteurs de Michel Soutter

Le Retour d’Afrique d'Alain Tanner

L’Invitation de Claude Goretta (avec co-producteur étranger)

ZUSAMMENFASSUNG:

Claude Vallon geht der Entwicklung der Beziehungen zwischen dem «Groupe 5» und dem Genfer Fernsehen nach, die sich von 1969 bis 1972 erstrecken. Die Interessenlagen der beiden Kontrahenten, TV-Anstalt und Filmemacher, werden eingehend untersucht und im besonderen die Frage, ob das Fernsehen nicht doch recht billig, indem es mit den Filmemachern Verträge abschliesst, zu seinen Sendeminuten kommt, ohne sich wirklich überzeugt in der Filmproduktion zu engagieren.

Claude Vallon
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
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