CLAUDE VALLON

CENSURE ET PORNOGRAPHIE EN FRANCE

ESSAY

Une réflexion sur le problème de la censure entraîne forcément des références historiques, puisque la lutte contre la pornographie ne représente en fait qu’un aléa d’un processus qui touche à la liberté d’expression, et plus spécialement à la tolérance du pouvoir par rapport à la création, dont on se plaît toujours à croire qu’elle fait les mœurs, quand elle n’en est peut-être que le révélateur.

Les arts de la scène plus encore que la littérature (bien que celle-ci ait également été maudite — elle l’est toujours d’ailleurs!) ont eu à souffrir les foudres des moralisateurs, qu’ils fussent ecclésiastiques ou profanes. On les voyait pervertissant la nature humaine, en ce qu’ils étaient des «habits trompeurs», des travestissements d’une réalité que personne n’a jamais aimé regarder en face, surtout lorsqu’il s’agit, comme souvent pour les gens du pouvoir, de défendre l’image inverse.

Ces conflits entre la réalité à nier et l’apparence à sauvegarder ont eu pour appui des textes religieux avant que de s’inscrire dans les codes juridiques. Leurs justifications remontent à la nuit des temps, et pour cette raison même, l’ambiguïté qu’ils installent est difficilement maîtrisable. Mais à l’idée de «protection morale», de «salubrité publique» se sont ajoutés tout normalement les rapports de force entre le pouvoir (représentant d’une majorité réputée pudibonde, quand bien même elle ne serait que sournoise) et les minorités (réputées agissantes). L’art cinématographique, s’il n’est pas qu’une résultante d’une volonté de divertissement (et là encore il faudrait nuancer), est obligatoirement frondeur, dans l’optique des gouvernants, parce qu’il apporte une interprétation subjective d’une réalité officiellement proclamée. Les implications politiques sont donc évidentes, si elles ne sont pas déterminantes.

Mais l’Etat bourgeois, dans sa grande libéralité, a toujours, et comme naturellement, exempté le peuple de ses plaisirs. Il tolère la prostitution pour mieux cacher les maisons clandestines. La sophistication — l’élitarisme dans la jouissance — fait partie de l’exonération morale, surtout quand elle se répand discrètement, sans mettre en cause les institutions et leurs charitables préoccupations.

La tolérance est donc l’habile dosage entre ce que l’Etat doit défendre (la loi, la famille, l’image du pays) et la totale liberté (souvent décrite comme l’anarchie et le champ de foire). Elle ferme les yeux tant que le délit n’est pas trop visible, et s’acharne sur des cas qui lui semblent d’espèce, parce qu’ils outrepassent le courant ou heurtent de plein fouet et de manière trop frappante le «consensus social». C’est ainsi que Salò peut sortir dans une seule salle parisienne, et qu’après quelques hésitations, il s’y retrouve enfermé, pour prévenir, dit-on, des incidents, mais surtout pour empêcher le développement d’une fréquentation gênante pour la tranquillité morale des institutions.

Salò, sans s’arrêter au sujet, remet en cause, par son succès, un effort pour paralyser économiquement les films interdits au moins de dix-huit ans. Lequel effort doit, en définitive, non seulement renflouer la Trésorerie gouvernementale, mais éviter une remise en question de la production française. Un affaiblissement des positions de l’industrie cinématographique ordinaire travaille pour les étrangers et pour les marginaux. C’est immanquablement logique, même si on ne l’admet pas ouvertement.

Le libéralisme giscardien qui a levé la censure pour mieux l’appliquer, n’a pas seulement songé aux revenus qu’il se procurait par de nouvelles impositions et une classification extraordinaire des films pornographiques (X), il s’est donné un merveilleux alibi moral, sans entrer dans la thématique traditionnelle de l’interdiction pure et simple. Encore qu’ici, il faille distinguer: le système d’interdiction est extrêmement tortueux, comme on pourra le voir, puisqu’en dehors du Ministère (de l’Information, puis des Affaires culturelles), les maires et parfois les préfets sont partis en guerre contre des films. Ils disposent d’un arsenal d’ordonnances que le pouvoir central s’efforce d’atténuer, mais qu’il est loin d’étouffer complètement. Enfin, et surtout, s’agissant de tolérance, la France s’est donné des airs de vertu au niveau législatif, pour mieux cacher ses faiblesses légendaires. Ses quartiers de plaisirs n’ont pas été cotés pour rien, il s’y passait — il s’y passe — un quelque chose de particulièrement coquin, qui fait le prix de la débauche. La France gaullienne a cherché à afficher une nouvelle virginité dans les institutions comme dans les mœurs pour se défaire d’un passé qui lui colle à la peau comme une seconde nature. Le Français a toujours été licencieux, le «cinéma cochon» existait avant la lettre, et ce n’est pas la vague pornographique qui a modifié les Français. D’ailleurs, cette vague a des origines nordiques et anglo-saxones et correspond dans ces pays à un retour à la santé naturiste qui est loin de passionner les Français. La libération sexuelle (ou les thèmes qui s’attachent à une telle démarche) est encore un phénomène marginal, dans un pays fortement marqué par les jeux libertins (et cela toujours en rapport avec le tabou religieux ou moral, et non avec l’expression complète d’une sexualité gourmande). Le «hard-core» n’est pas un gain typiquement français, même s’il avait ses équivalents dans le petit format du 8 mm. clandestin. Il a fallu que l’exemple vienne d’ailleurs, pour que s’instaure une production spécifique. D’ailleurs, les Français se sont trouvés surpris de découvrir dans des productions étrangères une liberté qu’ils autorisaient d’autre façon et depuis longtemps, mais la mode aidant, tout comme pour le strip-tease, ils en ont pris l’élan pour mieux la façonner.

Ces considérations expliquent le sort heureux de quelques films sophistiqués comme Emmanuelle ou Histoire d’O qui sont des moutures typiquement françaises, avec des flous hautement régénérants, sans la basse référence aux corps à corps gênants. Il entre une répugnance manifeste du Français dans l’assimilation globale de ses plaisirs. D’un côté, l’érotisme (qui donne envie), de l’autre le porno (qui satisfait la curiosité). Si le porno est capable d’être esthétique, alors bon! tant mieux! Mais l’étalage pur et simple de pénétrations assomme et gêne. Ce qui explique l’incertitude d’une certaine critique française devant la pénalisation du film pornographique (exprimée dans une émission comme Le Masque et la plume). L’intelligentsia, tout en applaudissant à la libéralisation des mœurs, en écarte la vulgarité et le bluff. Mais cette attitude n’est pas représentative de toute la critique. Les revues spécialisées sont, elles, plus libérales, même si d’autre part elles suggèrent, et par d’autres voies (politiques ou artistiques) une revalorisation de la qualité de la production.

En fait, l’impression d’ambiguïté est totale. Elle s’affirme même dans les chiffres. Une enquête d’opinion aboutit au partage quasi fondamental du 50-50, comme s’il y avait deux conceptions de la liberté d’expression ou deux attitudes face à la vague porno. Ce «fifty-fifty» est bien l’image d’un pays divisé aussi bien dans son champ politique qu’intellectuel.

Mais reprenons les choses comme elles se présentent:

Les textes de lois et leur évolution

Le décret fondamental qui s’applique au cinéma remonte à 1884. Il concerne «la liberté des théâtres» et découle lui-même d’une loi datant de 1790 qui implique l’autorité communale dans la surveillance des manifestations, en lui accordant un pouvoir de police. L’effet du décret fut endigué par une loi de 1928, sans toutefois disparaître. Une commission de contrôle nationale fut créée, dépendant du Ministère de l’Instruction publique. A l’origine, elle était bipartite et se composait de 32 membres. A des mesures de contrôle s’ajoutaient des préoccupations de protection de la production française. Une modification du statut et de la composition de la commission intervint en 1931 et renforça la position du Ministère de l’Intérieur qui s’efforçait par personnes interposées de s’en adjoindre les services, au détriment du Ministère des Beaux-Arts. Une ordonnance en 1945 introduisit la censure sur scénario et établit une limite d’âge (16 ans). L’interdiction passa de 16 à 18 ans en 1959, et le Ministre de l’information, duquel dépendait à ce moment-là la commission, parla de sévir contre les «producteurs qui n’ont même pas l’excuse de la considération artistique», établissant une nuance discrète par rapport à la ligne générale tenue jusqu’ici.

Le 18 janvier 1961, par décret, la commission de contrôle devient tripartite englobant, dans son sein, des experts à côté des représentants de la profession et des autorités. Le ministère de l’information se réserve un droit de décision final, le contrôle de la publicité est introduit ainsi que l’interdiction aux moins de 13 ans. La commission attribue les visas sans lesquels les films ne peuvent pas être projetés. D’autres modifications de structures et de fonctionnement sont intervenues jusqu’en 1969 (notamment l’introduction du système des amendes pour les enfants en âge de scolarité), et dès ce moment-là la commission est placée sous la haute main du Ministère des affaires culturelles, non sans qu’il en découle de nouvelles occasions d’ambiguïtés. En avril 1971, Jacques Duhamel constate que le contrôle doit avoir deux visages: «strict pour les jeunes, information pour les adultes». Mais le pouvoir central est loin d’être suivi par les mairies qui continuent à mener des combats perfides. A preuve l’action de Royer à Tours et celle du maire de Saint-Quentin, s’arrogéant, malgré la loi, le droit de censure contre toute une catégorie de films, alors qu’il était tenu à juger pièce par pièce. En 1972, la revue «Ecran» peut s’aventurer dans un constat audacieux: «La Commission de contrôle fait heureusement de moins en moins parler d’elle, ne menant que quelques combats d’arrière-garde contre la sexualité». Des formes de censure ou d’empêchement caractérisé interviennent bien ici et là à propos des autorisations de tournage (L’Attentat par exemple). Mais ce ne sont qu’incidents. On souhaiterait en haut lieu (Jacques Duhamel) que ce soit la profession qui s’auto-censure et se livre au petit jeu de l’évaluation avant tout projet. La venue au pouvoir de Giscard d’Estaing crée un grand vent d’optimisme et le sentiment que la censure c’est fini.

Mais elle réapparaît sous la forme d’un projet fiscal. Le 16 décembre 1975, l’Assemblée nationale vote une loi de finances comportant des articles sur le cinéma: la TVA est majorée pour les films «pornographiques» ou d’incitation à la violence; un taux de prélèvement est prévu sur les bénéfices de ces films (les films étrangers sont frappés d’une taxe forfaitaire); la taxe additionnelle sur le prix des places de cinéma est augmentée pour les films discriminés; enfin l’aide de l’Etat est supprimée et une liste en est établie par le Ministère (films X).

Ces décisions suscitèrent un tollé de la profession (producteurs, comité de défense des libertés cinématographiques, responsables des «Cinémas d’Art et d’essai», exploitants). Jean Lescure précise: «Ne risque-t-on pas de voir bientôt la notion elle-même d’Art et d’Essai remise en question?» Il ne croyait pas si bien dire, puisqu’il se révélait que l’exploitation de certaines salles (où le porno voisinait avec l’essai) se trouvait du même coup remise en cause. Le comité de défense des libertés cinématographiques entreprend alors un combat vigoureux contre «La loi X». Dans un appel (février 1976), il écrit: «Aujourd’hui en France un film est mortné. Classé «X», c’est-à-dire étouffé fiscalement et physiquement. La décision du Secrétaire à la culture est rétroactive, contradictoire et arbitraire. (...) La liberté de travail et de création de toute une profession est en jeu». «Emmanuelle 2» est en effet classé «X» contrairement à l’idée que l’on se faisait jusque-là de l’«erotique de luxe», et l’Etat ira encore plus loin sur ce chemin avec L’Essayeuse. Sur pression de certaines associations privées, le film est proposé à la destruction. «Ecran» constate en octobre 1976: «Il y a maintenant un rigoureux apartheid économique entre deux races de films: les honnêtes et les autres. (...) Avez-vous remarqué comme, depuis un an, le nivellement de la médiocrité marque les films erotiques qui sortent sur nos écrans. Seuls les sous-produits nous parviennent, semble-t-il...»

Les films X? Exhibition, Le Sexe qui parle, Lèvres chaudes, Les Jouisseuses, Les Nuits brûlantes de Linda, Mondo Erotico, Teenager Love, Le polygame ou l’amour à l’orientale, etc. etc. Le 26 novembre 1975, avant l’introduction de la loi, 47 films étaient déjà cotés X.

LesSuccès du porno

Il faudrait mettre en balance le succès du porno, la baisse de régime du cinéma français (ou son conformisme) et la fréquentation des salles. Le porno n’est pas né d’hier, puisqu’il a été précédé des films naturistes et des films de strip-tease, et qu’il a eu son pendant «sous le manteau». Les grands-pères français étaient consommateurs d’images bien avant que le cinéma ne se lance dans des propos «turgescents»; il a suffi d’une vague alimentée par les vents impétueux du Nord pour que l’explosion prenne forme.

50 000 personnes à Paris, tel est le potentiel porno en 1972, il passe à 300 000 en 1975; et cela sur une base de 6 films en 1973 contre 75 en 1975. Aux films erotiques courants («soft-core» avant la lettre) s’ajoutent les films erotiques sophistiqués (Emmanuelle, Contes immoraux et Glissements progressifs du plaisir) et les pornos crus (Exhibition). En 1974, les films porno représentent le 15 % des recettes et le 20 % des spectateurs. 500 à 600 films sur 4 700 (pour 1974) appartiennent au genre. 1 spectateur sur 4 peut être qualifié de voyeur! La Jouisseuse réussit à totaliser 115 000 entrées en 22 semaines. C’est le raz-de-marée!

Certains attendent le reflux, d’autres crient, à la suite de Royer, à la nécessité de l’endiguement. Sur les 223 films français de 1974, une vingtaine — les films porno — ont coûté moins de 500 000 francs français. Devant les assauts qui se mènent contre le porno bon marché et quelque peu renié par la profession, se dessinent les 8 millions d’Une Histoire d’O. C’est la réponse à la facilité: trop tard ou presque, puisque l’Etat a fleuré le pot aux roses...

Les «exigences artistiques» étaient plutôt minces jusque-là. Des idées conventionnelles et la panoplie des positions ou des inhibitions sexuelles feintes ou approchées. Plutôt frustrant que stimulant, mais quoi qu’il en fût, il y en avait assez pour les plus démunis et les moins puissants d’entre les spectateurs!

Quant aux artistes, elles avaient — elles ont — des doublures pour les situations scabreuses, ou elles viennent d’ailleurs (strip-tease notamment). «Une actrice est faite pour être vue ou alors elle n’a qu’à changer de métier» (Denyse Roland à «Ecran», N° 28). «Je me suis toujours demandé qui va voir ça. C’est d’une telle débilité mentale... d’une telle sénilité... (...) La société est malade».

Le premier film porno «hard» introduit sur le marché français l’a été en 1975 («Les Baiseuses» de Jack Guy, coproduction franco-belge), et c’est à cette époque de plein «boom» dans la consommation que les esprits chagrins s’arnient de toute leur imagination pour taxer ces produits sur-voltés. Curieusement on compte assainir les caisses de l’Etat en desséchant l’ensemble du marché. Calcul à courte vue qui établit assez bien les responsabilités.

Résonances et suite

Le public n’est pas dupe, mais pour lui le cinéma retrouve l’attrait de la curiosité. Toute la société de consommation est basée sur ce critère, comment le porno y échapperait-il?

Pour Jean Domarchi («Ecran 74», N° 28) «le film porno est la vérité de la société capitaliste», pour Violette Morin («Ecran 76», N° 49) Le problème n’est pas tant de savoir s’il faut permettre ou interdire la pornographie filmée, s’il y en aura de plus en plus ou de moins en moins; le problème serait plutôt de lui mesurer ses raisons d’être autant dire de mieux la fonder en esprit et de lui en donner» et pour Alain Robbe-Grillet (ibid.): «Nous savons depuis Freud, que tout est sexuel, même (et surtout peut-être) la censure». Enfin, pour Marie-Claude Treilhou (Cinéma 75, N°s 201-202): «Le pouvoir enfante des monstres qu’il exhibe pour cacher sa propre monstruosité». Il est vrai que le système n’a en rien travaillé pour la libération de l’individu et pour une expression en rapport avec la totalité de sa personnalité, et qu’il a tout fait pour contrer les tentatives les plus originales et les plus authentiques, au profit de quelques privilégiés et pour la défense d’une idéologie contestable. Mais cela étant, comment renverser la tendance? Changer le cinéma, certes, le débarrasser de toutes ses tentations phallocrates. C’est beaucoup plus qu’un changement de société, c’est une révolution...

En attendant, les censeurs ont beau jeu de tirer les trente-six mille ficelles de leur Pantin-Désordre, et de réclamer au nom de la moralité à courte vue un art au-dessus de tout soupçon...

Ils auront du moins réussi, en France, à culpabiliser sinon à étouffer des producteurs qui cherchaient un profit, sans couverture artistique. Mais ils n’ont pas compris que la politique de l’interdiction, qu’elle soit directe ou indirecte ou camouflée, conduit inévitablement à une réaction qui n’est pas forcément celle que l’on souhaite. Ce ne sont pas les producteurs indépendants et courageux qui vont se sentir des ailes à partir de la nouvelle situation, mais les plus malins des commerçants qui trouveront à épicer leurs films de ce qui est refusé par ailleurs, mais avec davantage de malice, et toute la production française s’en trouvera une fois de plus amortie... Voir à ce propos «Attention les yeux» de Gérard Pires...

... En attendant un Grand Soir hypothétique, dans la fourchette étroite du 50-50...

PETITE CHRONOLOGIE DES POSITIONS GOUVERNEMENTALS

1955: interdiction dans diverses localités du Blé en herbe; interdiction de Bel ami (cette même année se fonde l’Association des «cinemas d’Art, derépertoire et d’essai»);

1959: interdiction des Tripes au soleil et des Liaisons dangereuses à l’exportation (le second est même interdit par certaines municipalités); Nouvelles modalités de la censure: interdiction aux moins de 13 ans et aux moins de 18 ans;

1960: Le Petit soldat est interdit;

1961: Nouveau régime de censure et nouvelles commissions; Les Régates de San Francisco, cible de certaines municipalités;

1965: interdiction de La Religieuse;

1967: interdits: Happening de Gilbert Bokanowski, Révolution de Jack O’Connell;

1968: interdiction de Images du monde visionaire, c. m, de E. Duvivier d’après Henri Michaux; même sort à The Trip de Corman;

1970: interdits: Jours tranquilles à Clichy, La Philosophie dans le boudoir; trois courts métrages, Le Droit d’asile de J.-P. Lajournade, La Question ordinaire de Claude Miller, Mon nom, superman de Jean Marbceuf, subirent le même sort;

1971: interdiction d’Eldridge Cleaver, Black Panther;

1972: Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria libéré après 2 min. de coupe

1973: Trash amputé de vingt minutes;

1974: interdictiond’Histoire d’A; exploitation clandestine; Visa ministériel aux Contes immoraux malgré l’interdiction de la commission; Emmanuelle libérée, L’Agression également;

1975: Classification économique (LoiX);

1976: Emmanuelle 2 classée X; Arrêté de destruction de L’Essayeuse par la 17e Chambre correctionnelle.

ZENSUR UND PORNOGRAPHIE

Der Liberalismus von Giscard d’Estaing, welcher die Zensur aufgehoben hat, um sie besser anzuwenden, hat nicht nur an die neue Einnahmequelle durch Sonderbesteuerung der Pornofilme gedacht, sondern hat sich auch ein wunderbares moralisches Alibi gegeben, ohne in die traditionelle Thematik des einfachen Verbotes abzurutschen. Gleichzeitig gibt sich Frankreich — zumindest auf gesetzgeberischer Ebene — den Anstrich von Tugend, um besser seine legendären Schwächen zu verbergen. Die Filmzensur sollte, gemäss dem Wunsch der zentralen Macht, «streng sein für die Jugendlichen, Information für die Erwachsenen» (Jacques Duhamel, 1971). Doch die praktische Umsetzung dieses Wunsches scheint mit einigen Schwierigkeiten verbunden zu sein, da in zahlreichen Gemeinden die Bürgermeister der Pornographie den Kampf angesagt haben und die ganze Filmkategorie zensurieren, während sie ursprünglich angehalten wären, von Fall zu Fall zu entscheiden. Beim Amtsantritt Giscard d’Estaings erhoffte man das Ende der Zensur. Doch am 16. Dezember 1975 wird von der Nationalversammlung eine Sonder-besteuerung für Pornofilme und Filme, welche zu Gewalt anregen, gutgeheissen. Für diese Filme wird zudem die Billettsteuer erhöht und die staatliche Unterstützung abgeschafft. Auch erotische Luxusprodukte wie Emmanuelle 2 fallen in diese Kategorie («X»). 1976 wird L’Essayeuse von der 17. Strafkammer gar verurteilt, zerstört zu werden. Die Filmzeitschrift «Ecran» stellt im Oktober 1976 fest: «Es gibt jetzt eine strenge wirtschaftliche Apartheid zwischen zwei Filmrassen: den ehrlichen und den andern.» Schon vor der Einführung des Gesetzes wurden 47 Filme in die Kategorie «X» eingestuft. Welches ist die Erfolgsquote des Pornos? Für Paris 1972 ein Zuschauerpotential von 50 000 Personen; 1975 bereits 300 000 (1973 6 Filme gegen 75 im Jahr 1975). La Jouisseuse bringt es in 22 Wochen auf 115 000 Zuschauer... Und jetzt versucht man, die Staatskassen zu füllen, indem man den gesamten Markt trockenlegt. Was man nicht begriffen hat, ist, dass die Politik des Verbietens (sei es direkt, indirekt oder getarnt) unvermeidlich zu einer Reaktion führt, welche nicht unbedingt die ist, die man wünscht. (AEP)

Claude Vallon
Keine Kurzbio vorhanden.
(Stand: 2020)
[© cinemabuch – seit über 60 Jahren mit Beiträgen zum Schweizer Film  ]